Vers sataniques à 7 pieds- Julio 2023
Descendu par l’escalier
Qui tourne en colimaçon,
Me voici nu entravé.
J’ai tout à fait l’air d’un con.
En tous cas je l’imagine
Car sous ce bandeau qui pue,
Je ne sais quelle bobine
J’exhibe à ces inconnus.
Me font bouffer de la terre
Et ramper comme un reptile
Tandis que j’entends, derrière,
Des ricanements débiles.
Relevé brutalement,
Appréhendé sans façon
Comme un vilain chenapan
Qu’on reconduit au violon,
Deux coquins impitoyables
Me tiraillent en tous sens
Restant sourds, les misérables,
À mes signes de souffrance.
Souffleté d’une bourrasque,
Furieusement aspergé,
J’ai hâte d’ôter ce masque
Pour connaître mes geôliers.
Eux, faisant fi de mes peurs,
Me forcent à me brûler
Jusqu’à répandre l’odeur
De ma barbaque grillée.
Auraient-ils changé d’avis
Sur ma sombre destinée ?…
Cesse enfin le cliquetis
Terrifiant de leurs épées.
Comme en rêve j’entrevois,
Par une brève échancrure
Qui ranime mon effroi,
Le sort qu’ils font au parjure.
Quand tout près de défaillir
Et de rendre à Satan l’âme,
Le bandeau on me retire
Dans un turbulent ramdam !
Derrière ces cimeterres
Qu’ils abaissent sur le champ,
Auréolés de lumière,
Autant d’êtres souriant,
La tâche me parait vaine
De découvrir parmi eux
Quelque ennemi dont la haine
M’aurait rendu chatouilleux ;
Quand j’aperçois dans la glace
Ma bouille si bien connue,
Je comprends qui me menace
Et me voilà prévenu.
Depuis lors pour ne déplaire
À mon intime ennemi
Ce n’est plus qu’avec mes Frères
Que j’ai des chamailleries.