ESSAIS SYMBOLIQUES
Titres des Essais: Variations sur le tronc de la Veuve, Variations sur l'Opacité, Variations sur le coq et la chouette, la lettre G, Essaimage et Fleur de l'âge,le Tire-Bouchon,QI maçonnique, l'Habitude écrit à la Tradition, Tais-toi et taille!, Gâteau d'apprenti,la Maçonnite, Sous le Pavé la Plage, Au clair de la Lune, Méthode ASSIMIL, Maçonnerie sans Cédille, Cours du Soir, Le Sage ne rit qu'en tremblant, Agapes
PIERROT ÉTAIT-IL FRANC-MAÇON ?
La question de savoir si tel ou tel personnage de l’histoire ou de l’actualité est ou était franc-maçon est une question qui revient régulièrement sur le tapis de Loge. Et si le personnage en question n’a pas la chance d’avoir une place dans le dictionnaire des francs-maçons, la certitude ne peut être établie qu’a partir des textes, documents et témoignages auxquels il faut donc appliquer une énergique méthode d’interprétation.
Si c’est un travail difficile, nous avons recours a celui par exemple de tirer par les cheveux un texte qui nous résiste, moyen très utilise en maçonnerie, et d’une application simple. Le tout, c’est de ne pas perdre de vue ce a quoi on veut arriver, et, a partir de la, tous les moyens sont bons. Pour illustrer ce phénomène je me suis posé la question capitale que voici : Pierrot était-il franc-maçon? Essayons donc ensemble de titrer la quintessence initiatique de cette chanson d’apparence anodine mais dont le sens profond n’échappe pas aux inities que nous sommes.
“Au clair de la lune…”, déjà rien qu’à ces mots, le soupçon peut naître car la lune est bien une référence a la maçonnerie en général et a la colonne du Nord en particulier.
“Mon ami Pierrot…”, le soupçon se confirme, pourquoi pas Georges ou Henri, ce n’est sûrement pas pour rien, Pierrot, c’est la pierre et la pierre, on sait ce que c’est.
“Prête-moi ta plume…”, Pierrot a donc une plume, élément aérien d’une part et d’autre part, que fait-on avec une plume ? On écrit, on écrit quoi? Sa demande d’initiation ou son testament dans un cabinet de réflexion. Ou bien un mot, comme dit la phrase suivante et le mot … à quoi reconnaît-on un franc-maçon ?
“Ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu”, il n’a plus de lumière, il cherche la lumière, il n’a plus de feu (deuxième référence aux 4 éléments!) et c’est bien une idée initiatique que celle de vouloir se chauffer avec une bougie.
“Ouvre-moi ta porte”, là, le doute n’est plus possible, il demande l’entrée, qu’on lui ouvre la porte, “frappe et on t’ouvrira” dit le rituel, surtout si c’est au nom de l’amour de Dieu qui dans la maçonnerie écossaise est un autre nom pour le G.A.D.L.U.
Mais la deuxième strophe est encore plus édifiante.
“Au clair de la lune”, de nouveau, (il y est insiste lourdement), et Pierrot répond, comme répond le gardien intérieur lorsque l’impétrant frappe a la porte. Et que lui dit-il ? Je n’ai pas de plume et quelqu’un qui n’a pas de plume, il ne sais pas écrire et s’il ne sait pas écrire on peut imaginer qu’il ne sait pas lire non plus et quelqu’un qui ne sait ni lire, ni écrire…
“j”, quelle est la signification cachée de cette phrase, je suis dans mon lit ? Que fait-on dans son lit ?… je vous le demande… Naître et mourir essentiellement, qui sont pour l’initie eux aspects de la même réalité, mourir a la vie profane, naître a la vie initiatique. De cela on peut déduire que si le premier personnage est dans le cabinet de réflexion et que le maître de cérémonie a oublie d’y mettre une plume et que, obéissant a un moment de panique, ce candidat a essaye de fuir par la fenêtre et qu’en ouvrant le courant d’air a éteint sa bougie, Pierrot, lui, est déjà initie ou en train de se faire initier.
Mais, continuons, “va chez la voisine, je crois qu’elle y est”, quel est le symbolisme de la voisine ? Je vous le demande… mais, c’est clair, la voisine, c’est le troisième terme qui permet de dépasser la dualité du binaire de Pierrot et de son compère. En plus, c’est elle qui a toutes les plumes.
“Va dans la cuisine”, la cuisine, le lieu des transformations ou par le feu on transmute la matière, cela fait tout de suite penser a l’alchimie, ce qui est confirme par la dernière phrase de cette deuxième strophe : “on bat le briquet”. Le briquet, qu’est-ce si ce n’est ce qui peut donner la lumière a chacun. Je vous passe les deux dernières strophes, car elles semblent avoir été rajoutes plus tard, tout est dit dans ces deux premières strophes d’ailleurs.
Mes frères et mes sœurs, le doute est-il encore possible ? Nous avons plusieurs références a la lune, colonne du nord, nous avons les 4 éléments, le feu, l’air dans le courant d’air qui a éteint la bougie, la terre dans l’idée du lit, donc la mort, donc au cercueil donc ai cimetière et a l’eau, l’élément liquide qui n’est pas dévoile explicitement mais suggère puisqu’il n’est pas dit qu’il pas d’encre pour écrire. De plus, ce sont des pans entiers de notre rituel que nous trouvons dans cette chanson.
La situation du premier personnage est claire, celle de Pierrot aussi, il est prouve maintenant qu’on est maçon, mais a quel grade est-il ? La aussi une analyse serrée du texte peut nous donner des indications. D’un cote, le fait qu’il ne puisse ouvrir la porte laisserait entendre qu’il n’est pas encore maître, d’un autre cote, c’est peut-être qu’il veut mettre le candidat a l’épreuve, pour s’assurer de sa bonne foi, qu’il prouvera en ayant le courage, après un premier refus, d’aller frapper chez la voisine.
Un indice précieux nous est fourni dans le nom des protagonistes, pour Pierrot, c’est flagrant, nous l’avons vu, mais comment s’appelle l’autre ? Son nom n’est révélé qu’après une analyse en profondeur du texte, quand il parle, que dit-il ? Il dit Je, et je commence par J, ce ne peut être Jacques puisque le frère Jacques dort, J + E sont les deux premiers lettres du prénom Jean, notre saint patron !