ESSAIS SYMBOLIQUES
Titres des Essais: Variations sur le tronc de la Veuve, Variations sur l'Opacité, Variations sur le coq et la chouette, la lettre G, Essaimage et Fleur de l'âge,le Tire-Bouchon,QI maçonnique, l'Habitude écrit à la Tradition, Tais-toi et taille!, Gâteau d'apprenti,la Maçonnite, Sous le Pavé la Plage, Au clair de la Lune, Méthode ASSIMIL, Maçonnerie sans Cédille, Cours du Soir, Le Sage ne rit qu'en tremblant, Agapes
Tais-toi… et taille !
Formule emblématique donnée en réponse à l’apprenti trop curieux !
Mais, est-ce une réponse ? C’est plutôt une non-réponse, la non-réponse à une question qui nous est refusée : tais-toi… et qui nous est renvoyée en plein cœur, ou selon le cas, en pleine poire : taille !
Voici comment cette injonction est apparue dans la pensée maçonnique, du moins sous sa forme la plus courante, traditionnelle et universelle, la forme péremptoire :
Les Constitutions d’Anderson se sont inspirées de textes fondamentaux tels que celui de cette traduction due au F. de la Tierce, approuvé en 1733 par les membres de la ” GL Françoise des FM, size à Londres dans la rue de Suffolk à l’enseigne du duc de Lorraine “, et publié en 1742 à Francfort/Le Main par François Warrentrapp :
– Extrait des obligations des anciens FFMM, touchant la conduite de l’Art en travaillant : ” Tous les maçons employés recevront toutes les semaines leurs gages, sans murmurer et sans se mutiner et ils ne quitteront point le Maître, jusqu’à ce que l’ouvrage soit fini ” .
Tais-toi et taille !
JP Bayard nous apprend dans ” la Spiritualité de la Franc-maçonnerie “, que la charte d’York, dite d’Athelstan, en 926, concernant les lois fondamentales de la Confraternité des Maçons, reproduisant la charte de St Alban approuvée par l’Empereur Casaurius en 290, s’inspirant elle-même de l’édit de Numa Pompilius, 672 Avant JC, basé sur les lois et privilèges des anciennes corporations de constructeurs romains, précise :
” Art. 13- Chaque Compagnon, lorsqu’il est repris du Maître doit écouter celui-ci et corriger son travail. ”
De plus, ” Art. 14- Tous les maçons doivent obéir aux chefs et exécuter avec bonne volonté ce qui leur est ordonné “.
Tais-toi et taille !
C’est donc à 672 av JC que l’Histoire fait remonter les premiers textes qui donnèrent naissance à notre formule comminatoire. La Tradition, quant à elle, lui attribue une origine encore plus lointaine : 970 à 930 av JC.
Dans la Bible (Ancien Testament, Samuel, Livre 2), Hiram roi de Tyr s’adresse en ces termes à ses légions d’ouvriers maçons :
” La discipline faisant la force principale des maçons, il importe que tout Maître reçoive des ses compagnons et apprentis une obéissance entière et une soumission de tous les instants, et que les tâches soient exécutées sans hésitation ni murmure… ”
Tais-toi et taille !
Cette sentence inspirera plus tard le Général Charles Bastide, commandant la 7ème Brigade impériale et V.M. de la loge militaire ” Les Amis Fidèles de Saint Napoléon “, loge composée exclusivement des officiers et sous-officiers de sa brigade. 18 juin 1815. Les FF grognards de la 7ème brigade refusent de traverser la morne plaine de Waterloo pour y subir l’épreuve du feu. C’est la grogne parmi les grognards ! Alors le Général et V.M. Charles Bastide, appliquant la sentence hiramique dans sa version impériale et impérieuse hurle :
” Silence sur les rangs ! (Tais-toi) En avant, Arche ! (Et taille).
On notera au passage l’allusion ésotérique : Arche ; qui se traduira sur le champ par l’Alliance symbolique des FF. Crouchy et Blücher.
Certains, considérant qu’Adam fut le 1er maçon initié, font remonter la formule au 11ème jour du 1er mois de l’an 01.
En ce jour de vraie lumière, le F. Adam s’affairant sur ses rosiers se planta par 3 fois une épine dans la 3ème phalange du 2ème doigt de la main droite et s’écria ; ” Que suis-je un piètre apprenti ! ” Yavhé qui surveillait son élève et qui savait lire l’avenir, ne pouvait cependant pas lui révéler quelles épines plus douloureuses encore lui réservait la compagne qu’il lui préparait. Alors, ramenant son élève à ses rosiers, Yavhé, compatissant lui déclara:
– Tais-toi et taille !
Deux rituels maçonniques font état, textuellement, de notre formule emblématique :
Dans un rituel de maçons japonais du début du XXème siècle, lorsqu’au 3ème degré le samouraï va se faire hara-kiri avec son sabre d’acacia, les MM. rassemblés l’acclament par 3 fois :
” Té Toaé Taï ! Té Toaé Taï ! Té Toaé Taï ! ”
Dans le rituel de la loge écossaise J & B, créée à Bordeaux en 1732, on lit cette réplique :
” Le V.M. s’adressant au nouvel initié :
– Who’s who ?
Le nouvel initié.
– What ?
Le V.M.
– Shut up’n whaoo…
Et par trois coups de maillet il frappe sur la bonde de la barrique Ducru-Beaucaillou. ”
Non-réponse à une question hardiment posée par l’apprenti, question qui lui est refusée. Telle est l’explication de ” Tais-toi et taille ! “.
Mais quelles questions méritent une telle non-réponse ? Il en est une que nous ne pouvons manquer d’évoquer. Empruntons la à J Mourgues :
” Le Sphinx pose, au cœur de la nuit lumineuse du désert égyptien la question éternelle : que sommes nous ?
Et il répond à sa façon, qui est le silence. ”
Tais-toi… et taille !